Un Noël sénégalo-québécois au Témiscouata

La fusion des traditions culturelles, culinaires et religieuses agrémente les célébrations du temps des Fêtes des foyers interculturels du Québec. Chez les Ouellet-Gomis, au Bas-Saint-Laurent, cette période prend une allure particulièrement joyeuse. Ayant intégré un cocktail de traditions sénégalaises et québécoises, les célébrations hybrides font le bonheur de tous les membres de la famille.

La rencontre idyllique de Madeleine Gomis et de son mari, Jean-François Ouellet, a eu lieu sur une plage du Sénégal en 2012. À ce moment, ils ne soupçonnaient guère que le séjour aventurier du Québécois au pays du baobab marquerait le début de l’histoire de leur famille. Après quelques mois, des dizaines d’appels téléphoniques et plusieurs trajets en avion entre le Québec et le Sénégal, le couple fonde son foyer à Lejeune, au Témiscouata.

Un peu du Sénégal au Québec

« Étant musicien, j’étais attiré par les percussions et par la culture sénégalaise en général. J’ai décidé alors de partir avec mon sac à dos en décembre 2012 », raconte M. Ouellet, passionné d’élevage de poules, qui a eu la chance de rencontrer sa douce moitié durant son voyage. « On a passé le temps des Fêtes ensemble et j’ai eu l’occasion de voir comment ça se passe là-bas. Les Sénégalais ont le sens de la fête, la notion de partage est bien importante pour eux, ils sont accueillants et chaleureux. Madeleine a amené tout ça chez nous avec elle ! » se réjouit-il.

« Noël, c’est de loin ma fête préférée ! » lance la Sénégalaise aux grands yeux pétillants, qui est arrivée au Québec en 2013. « J’adore célébrer le temps des Fêtes et rassembler le monde. Pour moi, c’est une occasion pour donner de l’amour. » Bien qu’elle admette que, cette année, les célébrations prendront une tournure plutôt tranquille en raison de la pandémie, elle se réjouit de pouvoir être près de son mari et de ses enfants.

« Au Sénégal, on accorde beaucoup d’importance aux habits pour les Fêtes. Alors, mon mari, mes enfants et moi, nous nous procurons des nouvelles tenues pour Noël chaque année », explique-t-elle, en précisant qu’il est également de mise de se faire une nouvelle tête pour l’occasion. « Je me fais une coiffure spéciale, je tresse les cheveux de ma fille, et mon fils et mon mari changent de look aussi avec une nouvelle coupe. Ça prend ça pour tous chaque année ! » affirme-t-elle.

Les Sénégalais ont le sens de la fête, la notion de partage est bien importante pour eux, ils sont accueillants et chaleureux. Madeleine a amené tout ça chez nous avec elle !

 
Accueillir les traditions de l’autre

Bien que 95 % de la population du Sénégal soit musulmane, Madeleine précise que tout le monde y célèbre Noël. Faisant partie de la minorité catholique du pays, elle tient particulièrement à préserver la tradition d’assister à la célébration eucharistique en famille.

« Pour moi, Noël sans messe, ce n’est pas Noël ! » dit-elle, précisant que sa belle-mère avait déjà l’habitude d’y assister ici au Québec, mais que ce n’était pas le cas de son mari. « Pour lui, Noël était une journée comme toutes les autres, mais maintenant, nous y allons tous ensemble ! » ajoute-t-elle, déplorant que, cette année, cela doive se passer autrement. « Ça me touche beaucoup de ne pas pouvoir me rendre à l’église pour être avec le monde, mais au moins, on pourra assister à la messe en ligne. On a fait ça à Pâques avec d’autres Sénégalais qui sont à Montréal. »

Tout comme Jean-François a adopté les traditions sénégalaises, Madeleine a également intégré les traditions québécoises aux siennes. « Au Sénégal, on n’avait pas l’habitude de mettre un sapin de Noël ou de décorer l’extérieur des maisons comme les gens le font ici ; on décore surtout avec des guirlandes à l’intérieur », dit-elle, ajoutant qu’elle adore maintenant décorer son sapin. « Je le garde jusqu’à la mi-janvier ! Même ma mère met un sapin de Noël chez elle maintenant, au Sénégal, depuis qu’elle a découvert ça ici. Elle décore davantage la maison maintenant que quand j’étais jeune ! » ajoute-t-elle en riant.

Le multiculturalisme à table

Madeleine Gomis et sa fille ont aussi instauré une tradition pour le réveillon. « Après la messe, on s’assoit autour de la table pour manger de la fondue et une bûche de Noël tous ensemble, avant d’enfiler nos pyjamas pour ouvrir les cadeaux. »

Elle a intégré au menu quelques recettes sénégalaises, dont une sauce à l’oignon pour agrémenter la fondue, des fataya (pâtés farcis au poulet ou au poisson), des beignets à la noix de coco, des boissons traditionnelles comme le bissap (jus d’hibiscus), le bouye (jus de pain de singe — fruit du baobab, arbre emblématique du Sénégal) ou le jus de gingembre. « C’est comme avoir amené un peu du Sénégal avec moi ici ! » se réjouit la mère de famille.

« Ça fait changement de la tourtière ! s’exclame Jean-François Ouellet, qui avoue avoir accueilli avec joie les nouvelles saveurs dans sa cuisine. Ça fait du bien de goûter à d’autres choses. J’adore la cuisine sénégalaise, ses épices. J’élève une cinquantaine de poulets chez nous, à la campagne, alors on mange souvent des bons mets à base de poulet avec des sauces vinaigrées, un peu piquantes. J’adore ça ! »

Liens maintenus avec le Sénégal

Le 25 décembre, après le brunch familial, Madeleine prend toujours le temps de contacter ses êtres chers au Sénégal. « Je fais des appels en vidéoconférence avec ma famille et je prends aussi le temps d’appeler mes amis ici, au Québec, pour leur souhaiter un joyeux Noël. »

Pour elle, il est important que ses enfants préservent sa culture et des liens étroits avec leur famille de l’autre côté de l’océan. « Mes enfants ont la chance de grandir dans les deux cultures. Je leur apprends le wolof, ma langue maternelle, et les traditions sénégalaises à la maison, car, vivant au Québec, ils apprennent déjà la langue et la culture québécoise à l’école et avec leur père. »

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À propos de l'auteur : Le Devoir

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